Guerres commerciales et inflation : Comment les politiques de Trump pourraient bousculer nos investissements ?
- Fabienne
- 31 mars
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 avr.

Imaginez-vous dans un café animé, une tasse fumante entre les mains. Vous la tenez fermement, mais soudain, quelqu’un commence à taper sur la table. Le liquide tremble, menace de déborder. C’est un peu ce qui se passe avec l’économie mondiale aujourd’hui. Les droits de douane brandis par Donald Trump secouent la tasse de l’économie globale, et nous investisseurs, observons avec anxiété pour voir si le café va rester en place ou se répandre partout.
Entre inflation, guerres commerciales et un potentiel manque de dollars, les implications pour nos portefeuilles sont bien réelles. Alors, prenons une grande gorgée de ce breuvage économique et analysons ce que tout cela signifie pour nous.
Dans cet article, nous vous guidons au travers de trois grandes secousses que les politiques de Trump pourraient provoquer :
l’impact des droits de douane sur l’inflation,
la mécanique infernale des guerres commerciales,
et le risque d’une pénurie chronique de dollars.
Notre but ? Vous donner les clés pour comprendre ces bouleversements et ajuster vos stratégies d’investissement en conséquence. Allons-y !
Droits de Douane : Une secousse sur les Prix (et nos portefeuilles)
Commençons par l’inflation, ce mot qui donne des frissons aux investisseurs. Imaginez que vous êtes patron d’une petite entreprise, disons "TechTrend", qui fabrique des gadgets high-tech. Vous importez des écrans plats de Chine pour vos tablettes dernier cri. Tout va bien jusqu’au jour où Trump annonce des droits de douane de 25 % sur ces écrans.
Vos coûts grimpent en flèche. Que faites-vous ? Vous n’allez pas absorber cette hausse tout seul – vos marges sont déjà très serrées. Alors, vous augmentez le prix de vos tablettes. Vos clients grognent, mais ils paient. Et voilà, l’inflation pointe le bout de son nez.
Les documents que nous analysons, commencent à confirme cette tendance. Les entreprises américaines, confrontées à ces taxes sur les importations, anticipent une hausse de leurs coûts et prévoient de la répercuter sur leurs prix de vente. Depuis les premières annonces de Trump, les anticipations d’inflation des ménages et des entreprises ont réagi au quart de tour. Mais est-ce une tempête dans un verre d’eau ou un raz-de-marée durable ?
Les données sont rassurantes…, pour le moment. Les swaps d’inflation – ces outils financiers que nous pouvons utiliser pour « parier » sur les prix futurs – montrent une hausse temporaire à 3 % pour l’année prochaine, avant une stabilisation autour de 2,5 %. C’est comme si vous ajoutiez un shot d’expresso dans votre café : ça booste l’énergie un instant, mais l’effet s’estompe. Les marchés semblent croire que les droits de douane ne vont pas déraciner les anticipations d’inflation à long terme, ancrées autour de ce 2,5 % depuis des années.
Mais ne crions pas victoire trop vite. Alberto Musalem, président de la Fed de Saint Louis, agite un drapeau rouge. Il parle d’"effets de second tour". Imaginons : vos employés chez TechTrend voient les prix grimper – tablettes, essence, courses – et demandent une augmentation. Vous cédez, mais pour compenser, vous augmentez encore vos prix. Et ainsi de suite. Cette spirale pourrait transformer une hausse temporaire en une montée durable de l’inflation. Pour l’instant, ce scénario reste hypothétique, mais il mérite notre attention.
Pour nos investissements :
Si l’inflation reste transitoire, les obligations à court terme pourraient tenir le coup. Mais si ces effets de second tour se matérialisent, les actifs sensibles à l’inflation – comme l’or ou les actions de secteurs défensifs – pourraient devenir vos meilleurs amis. Gardons un œil sur les swaps d’inflation et les discours de la Fed. Une hausse des anticipations à long terme serait un signal déterminant.
Guerres commerciales : Quand les dominos tombent.
Passons à la guerre commerciale, ce jeu de poker géopolitique où Trump joue gros. Imaginez deux voisins, Paul et Chen, qui échangent des légumes de leurs jardins. Paul décide un jour de taxer les tomates de Chen. Furieux, Chen riposte en taxant les carottes de Paul. Bientôt, ils ne s’échangent plus rien, et leurs assiettes sont moins variées. C’est l’essence d’une guerre commerciale : des barrières qui montent, des représailles qui fusent, et tout le monde qui y perd.
Trump a dégainé des droits de douane musclés – 25 % sur les voitures et pièces détachées, avec une nouvelle salve prévue pour avril 2025. La Chine a répondu en taxant l’agriculture américaine. L’Union européenne promet des représailles si Trump persiste. Aurélien Saussay, professeur à la London School of Economics, résume bien la dynamique : "Un pays qui ne riposte pas passe pour faible." C’est une escalade sans fin, un engrenage qui pourrait gripper l’économie mondiale.
Prenons la Chine comme exemple. Si elle perd des parts de marché aux États-Unis, elle va chercher à écouler ses produits ailleurs, comme en Europe. Mais les Européens, craignant une invasion de marchandises bon marché, pourraient ériger à leur tour, leurs propres murs douaniers. Résultat ? Une surproduction mondiale, des exportations en chute, et une croissance qui tousse. L’OCDE a déjà revu ses prévisions à la baisse, prédisant un ralentissement du commerce global.
Les pays émergents, eux, sont dans la ligne de mire. Prenez le Brésil, gros exportateur de soja et de minerais. Si la guerre commerciale freine la demande mondiale, les prix des matières premières plongent, et le Brésil trinque. Le Mexique, voisin et partenaire clé des États-Unis, risque même une récession en 2025 selon l’OCDE. Dit autrement, si vos clients habituels arrêtent de commander, votre chiffre d’affaires s’effondre.
Mais Trump peut-il tenir cette ligne dure ? Pas si sûr. Les industriels américains, comme ceux de l’automobile, grincent des dents. Les chaînes d’approvisionnement avec le Mexique sont si imbriquées que taxer les importations mexicaines revient à se tirer une balle dans le pied. Et les marchés boursiers, où plus de la moitié des Américains ont des actions, détestent l’incertitude. Trump a déjà reculé sur certaines menaces sous cette pression. Peut-être que cette guerre commerciale est un tigre de papier…, ou peut-être pas.
Pour nos investissements :
Diversifions hors des secteurs exposés au commerce international, comme l’automobile ou la tech dépendante des importations. Les entreprises locales ou les valeurs refuges (pensez aux utilities) pourraient mieux résister. Si la croissance mondiale ralentit, les devises émergentes risquent de plonger – un pari sur le dollar pourrait être judicieux à court terme.
Le Dollar en Péril : Une Pénurie qui pourrait tout changer
Enfin, parlons du dollar, cette rockstar de la finance mondiale. Les États-Unis ont un déficit commercial colossal – 1 200 milliards de dollars en 2024. Ça énerve Trump, qui voit ça comme une faiblesse. Mais ce déficit a une contrepartie : un surplus de la balance des capitaux. Pourquoi ? Parce que le dollar est la monnaie que tout le monde veut. Les investisseurs étrangers achètent des bons du Trésor ou des actifs américains, injectant des dollars dans le système mondial.
Imaginez le dollar comme une fontaine dans un parc. Tout le monde vient remplir sa bouteille parce que c’est l’eau la plus fiable. Mais si Trump réduit le déficit commercial avec ses droits de douane, il coupe le robinet. Moins d’importations, moins de dollars qui sortent, et donc moins de dollars disponibles pour le reste du monde. Une pénurie chronique se profile.
Qu’est-ce que cela implique ? D’abord, le dollar pourrait s’apprécier. Si l’offre diminue et que la demande reste forte, son prix grimpe. Mauvaise nouvelle pour les exportateurs américains, déjà sous pression. Ensuite, les taux d’intérêt pourraient monter, car moins de dollars signifie moins de liquidités. Les pays émergents, endettés en dollars, seraient les premiers à souffrir. Pensez à un entrepreneur qui a emprunté pour lancer son café : si sa banque resserre les cordons, il est coincé.
Prenons un cas concret. Le Vietnam, qui exporte massivement vers les États-Unis, voit ses rentrées de dollars chuter avec les droits de douane. Mais ses dettes sont en dollars. Sans ces billets verts, il doit soit dévaluer sa monnaie, soit puiser dans ses réserves. C’est une bombe à retardement pour les émergents.
Pourtant, le dollar ne va pas perdre sa couronne de sitôt. La Chine pousse le yuan, mais il n’a pas la crédibilité ni la liquidité nécessaire. C’est comme comparer un café de quartier à Starbucks : l’un a du potentiel, l’autre domine encore. Tant qu’il n’y a pas d’alternative, le dollar reste roi – même si Trump ferme le robinet de la fontaine.
Pour nos investissements :
Une appréciation du dollar favorise les actifs libellés en USD, comme les bons du Trésor. Mais attention aux émergents : leurs obligations en dollars pourraient devenir risquées si la liquidité se tarit. Si nous jouons la prudence, les actifs domestiques américains pourraient être un refuge.
Conclusion : notre prochain coup d’investisseur
Alors, que faire avec tout ça ? Les droits de douane de Trump risquent de secouer l’inflation, mais pour l’instant, c’est un potentiel, pas encore une réalité. Les guerres commerciales menacent la croissance mondiale, mais les pressions internes pourraient freiner l’escalade. Et le dollar ? Il reste solide, mais une pénurie pourrait créer des turbulences inattendues.
Pour nos portefeuilles, surveillons les signaux. Une inflation persistante ? Misez sur l’or ou les TIPS. Une guerre commerciale qui s’enlise ? Réduisez votre exposition aux exportateurs. Un dollar qui s’envole ? Renforcez vos positions en actifs américains. Ce n’est pas le moment de laisser votre tasse de café sans surveillance – restez agile, informé, et prêt à ajuster votre stratégie. À suivre...