Ubisoft et Tencent : Une alliance audacieuse pour dominer le jeu vidéo mondial – Mais à quel prix ?
- Eleonore
- 1 avr.
- 6 min de lecture

Introduction : Une collaboration qui fait trembler l’industrie
Imaginez deux géants assis à la même table, discutant de l’avenir du jeu vidéo. D’un côté, Ubisoft, le maître français des mondes ouverts et des sagas historiques comme Assassin’s Creed. De l’autre, Tencent, le titan chinois qui domine le marché mondial avec une main de fer et une expertise inégalée dans le mobile. Le 27 mars 2025, ces deux-là ont officialisé une alliance explosive : une nouvelle filiale commune, valorisée à 4 milliards d’euros, avec un investissement massif de 1,16 milliard d’euros de la part de Tencent. Mais ne vous y trompez pas, ce n’est pas juste une poignée de main polie – c’est un pari stratégique qui pourrait redéfinir l’avenir d’Ubisoft, pour le meilleur ou pour le pire.
Pour nous, investisseurs, cette nouvelle soulève une question brûlante : est-ce le coup de génie qui remettra Ubisoft sur les rails, ou un pas risqué vers une dépendance dangereuse ? Nous allons rentrer les coulisses de cette collaboration. On parlera des objectifs, des promesses, des risques, et surtout, de ce que cela signifie pour notre portefeuille.
Pourquoi Ubisoft et Tencent s’associent-ils ?
1.1 Ubisoft : Une quête de survie et d’expansion
Ubisoft n’a pas eu une vie facile ces dernières années. Entre des lancements chaotiques (Skull & Bones, anyone ?), une dette nette de 1,4 milliard d’euros en septembre 2024, et une chute de 54 % de son cours boursier en 2024, l’entreprise avait besoin d’un électrochoc. Cette filiale, c’est ça : une bouée de sauvetage financière et une porte ouverte vers des horizons prometteurs.
L’objectif principal ? Conquérir la Chine, ce marché colossal où des millions de joueurs attendent, mais où les règles sont aussi strictes qu’un garde du corps surentraîné. Tencent, avec ses plateformes comme WeChat et QQ, est la clé pour déverrouiller cette forteresse. Ajoutez à cela une ambition claire : booster sa présence dans le mobile et le Free-to-Play (F2P). Imaginez un Far Cry version smartphone, avec des microtransactions savamment dosées – c’est le genre de rêve que cette alliance veut concrétiser.
Mais il y a plus. Ubisoft veut transformer ses franchises phares – Assassin’s Creed, Far Cry, et Rainbow Six – en écosystèmes « evergreen », des jeux qui vivent éternellement grâce à des mises à jour régulières et des expériences multiplateformes. L’in Supercell fait ça brillamment avec Clash of Clans, et Tencent est passé maître dans cet art. Pour Ubisoft, c’est une chance d’apprendre des meilleurs et de redonner un second souffle à ses marques emblématiques.
1.2 Tencent : Un géant en quête de trésors occidentaux
Et Tencent dans tout ça ? Ce n’est pas un philanthrope qui jette 1,16 milliard d’euros par la fenêtre pour faire plaisir à Yves Guillemot. Le géant chinois veut quelque chose en retour, et ce quelque chose, ce sont les joyaux d’Ubisoft : ses propriétés intellectuelles (IP). Avec cette filiale, Tencent s’offre un accès privilégié à des franchises qui font saliver des millions de joueurs. Pourquoi ? Pour les adapter au mobile, où Tencent règne en maître, et les intégrer à son empire mondial.
Imaginez un Rainbow Six repensé pour les smartphones, avec des événements saisonniers et des skins à acheter – un modèle que Tencent a perfectionné avec des titres comme Honor of Kings. Mais ce n’est pas juste une question de profits immédiats. Cette alliance renforce l’influence de Tencent en Occident, où il est historiquement moins dominant que dans le mobile asiatique. C’est une porte d’entrée pour rivaliser avec des acteurs comme EA ou Activision sur leurs propres terrains.
Ce que ça change pour Ubisoft – Les gains et les périls
2.1 Les Promesses : Une renaissance financière et stratégique
Pour Ubisoft, cette filiale est une mine d’or potentielle. D’abord, l’argent. L’investissement de Tencent réduit sa dette de manière spectaculaire, passant d’un fardeau écrasant à une situation bien plus gérable. Pour vous, investisseurs, c’est un signal rassurant : l’entreprise respire à nouveau, et ça pourrait stabiliser son cours boursier, qui a fait les montagnes russes après l’annonce (un pic à 14,04 euros le 27 mars, suivi d’une correction).
Ensuite, il y a le potentiel de croissance. Avec Tencent comme allié, Ubisoft peut enfin percer en Chine et dans le mobile – deux segments où il a trébuché par le passé. Si la filiale transforme Assassin’s Creed en un écosystème multiplateforme générant plus d’un milliard d’euros par an (comme l’ambitionne Yves Guillemot), on parle d’une valorisation qui pourrait faire tourner les têtes à la Bourse.
Et n’oublions pas l’agilité. En isolant ses trois plus grandes franchises dans une entité autonome, Ubisoft veut accélérer les décisions et libérer la créativité. C’est comme donner les clés d’une Ferrari à une équipe de pilotes d’élite – si tout se passe bien, les résultats pourraient être spectaculaires.
2.2 Les risques : Un équilibre précaire
Mais ne soyons pas naïfs : collaborer avec Tencent, c’est danser avec un dragon. Le plus gros risque ? La perte de contrôle. Ubisoft garde la majorité dans la filiale, mais Tencent a des droits de veto sur certaines décisions et des options de sortie (put/call) qui pourraient changer la donne à long terme. Et si Tencent pousse pour une monétisation agressive – pensez à des loot boxes à gogo – au détriment de la qualité narrative qui fait l’ADN d’Ubisoft ? Les fans pourraient crier au scandale, et la marque en pâtir.
Prenons Assassin’s Creed comme exemple. Une version mobile pourrait être un carton, attirant des millions de nouveaux joueurs en Chine. Mais si elle devient un simple distributeur de microtransactions, oubliant les intrigues historiques qui ont fait sa gloire, elle risque de ternir une franchise adorée. C’est un fil d’équilibriste, et Ubisoft devra marcher prudemment.
Il y a aussi la dépendance. En s’appuyant autant sur Tencent pour ses franchises phares, Ubisoft s’expose. Que se passe-t-il si les relations sino-occidentales se tendent, ou si la Chine resserre encore ses régulations sur les jeux ? Les investisseurs doivent garder un œil sur ces risques géopolitiques – ils pourraient secouer la barque.
2.3 Une fracture interne ?
Un dernier point à surveiller : l’impact sur le reste d’Ubisoft. En mettant Assassin’s Creed, Far Cry, et Rainbow Six sur un piédestal, les autres franchises – The Division, Just Dance, Prince of Persia – pourraient se sentir comme les enfants délaissés d’une grande famille. Si les ressources se concentrent sur la filiale, ces IP risquent de stagner, ce qui pourrait limiter la diversification et fragiliser l’entreprise à long terme.
Et pour nous, investisseurs ?
3.1 Une opportunité alléchante
Pour nous, cette alliance est une promesse de croissance. Si la filiale tient ses engagements – pénétrer la Chine, réussir dans le mobile, transformer ses franchises en cash machines –, les retombées financières pourraient être énormes. La valorisation initiale de 4 milliards d’euros n’est qu’un début ; un succès pourrait multiplier cette somme. Et avec une dette allégée, Ubisoft est moins vulnérable aux chocs, ce qui réduit vos sueurs froides à court terme.
3.2 Mais restons vigilants
Cela dit, ne sortons pas le champagne tout de suite. La baisse du titre après son pic initial montre que le marché est nerveux. Les investisseurs ont peur d’une « vente déguisée » à Tencent, d’une dilution de la marque, ou d’une exécution bancale – un souvenir douloureux des échecs comme Star Wars Outlaws. Surveillez la gouvernance de la filiale : qui décide vraiment ? Regardez aussi les premiers projets. Si un Far Cry mobile sort et déçoit, l’enthousiasme pourrait s’effondrer.
Et puis, il y a la confiance dans la direction. Yves Guillemot joue gros, et après des années de turbulences, certains actionnaires doutent. Cette filiale est une chance de prouver qu’il peut encore diriger le navire – mais il n’a pas droit à l’erreur.
Conclusion : Un tournant décisif
Alors, où en est-on ? Cette filiale entre Ubisoft et Tencent, c’est un peu comme une partie d’échecs grandeur nature. Ubisoft avance un pion audacieux, misant sur un partenaire puissant pour reprendre l’avantage. Si le plan fonctionne, on pourrait assister à une renaissance : un Ubisoft plus fort, plus global, plus rentable. Mais si le dragon Tencent prend trop de place ou si les fans se rebellent, le roi risque de vaciller.
Pour nous, investisseurs, c’est un moment charnière. Une opportunité de parier sur un redressement spectaculaire, mais avec des zones d’ombre à éclaircir. Gardons un œil sur les premiers résultats de la filiale, sur la réaction des joueurs, et sur les tensions géopolitiques. Parce qu’une chose est sûre : cette alliance ne laissera personne indifférent. À suivre...